Dans une lettre ouverte obtenue par notre collègue Louis Lacroix, le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, et le député libéral de Nelligan, Monsef Derraji, demandent à ce que le premier ministre François Legault vienne témoigner à la commission Gallant.
«Les Québécois méritent de savoir et de comprendre comment s’est orchestré ce gaspillage de fonds publics alors qu’ils subissent des coupes partout dans les services publics, peut-on lire dans cette lettre. Il est temps maintenant pour François Legault et les membres impliqués de son cabinet de comparaître publiquement. Tant que cela n’aura pas eu lieu, les Québécois n’auront pas entendu toute la vérité.»
La semaine qui s'amorce sera chargée à la commission Gallant, qui vise à faire la lumière sur le fiasco SAAQclic, avec la comparution de sept témoins, dont les ministres Sonia LeBel et Christian Dubé.
L'ancien PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, doit également témoigner cette semaine.
Voici la lettre ouverte en intégralité
Le premier ministre Legault doit comparaître à la Commission Gallant
L’échec spectaculaire de la mise en place du nouveau système informatique SAAQclic a marqué l’imaginaire collectif par son ampleur et par la série de révélations qui ont suivi le dépôt du rapport dévastateur de la Vérificatrice générale du Québec.
Tous les ministres impliqués de la CAQ, ainsi que le premier ministre, n’ont cessé de répéter à la population qu’ils ne savaient rien. Pire, François Bonnardel a affirmé avec aplomb « Je le répète: on m’a menti, on vous a menti, on a menti aux collègues ministres. On va aller au fond des choses pour comprendre ce qui s’est passé à la SAAQ avec le dossier SAAQclic. »
Pourtant, grâce au travail rigoureux effectué par les journalistes d’enquête, le juge Gallant et les procureurs, ainsi que grâce à notre persistance, nous avons compris que le gouvernement caquiste a caché délibérément de l’information aux Québécois. Un texto très révélateur de l’état d’esprit du gouvernement Legault démontre que, malgré les dépassements de coûts énormes, l’heure est à « se terrer » et de trouver une façon « solide qu’on n’a jamais eu écho au cabinet du fling flang que la SAAQ a fait pour cacher 300 millions $ ».
Depuis le début de la Commission d’enquête Gallant sur le scandale SAAQcliq, nous apprenons quotidiennement des informations qui mettent en lumière ce camouflage dont les Québécois font les frais.
En juin dernier, lors de sa comparution, l’ancien PDG de la SAAQ, Denis Marsolais, a affirmé avoir informé le secrétaire général de l’époque, Yves Ouellet, des enjeux liés aux dépassements de coûts et à la livraison du projet. Or, le secrétaire général est le plus haut fonctionnaire de l’État et relève directement du premier ministre. François Legault a personnellement choisi Yves Ouellet pour être ses yeux et ses oreilles dans l’appareil gouvernemental. Ainsi, il est difficile de croire que M. Ouellet n’ait pas informé M. Legault de ces dépassements de coûts, puisqu’il avait reçu une présentation de la SAAQ sur la stratégie contractuelle. Il a d’ailleurs choisi le scénario qui causait le moins de tort au gouvernement Legault en pleine campagne électorale.
M. Marsolais a également affirmé que, lors d’une rencontre en juin 2022 avec le ministre Bonnardel, il lui a présenté un document qu’il savait erroné.
Karl Malenfant, l’architecte du projet SAAQclic a déclaré avoir rencontré à plus de 25 reprises des ministres, sous-ministres et employés politiques du gouvernement Legault. Puis, à la reprise des travaux en août, Véronique Aubry, ex-cheffe de cabinet de François Bonnardel, alors ministre des Transports, a affirmé avoir elle-même informé le cabinet du premier ministre des difficultés rencontrées dans la modernisation des systèmes informatiques.
Ajoutons que, le 22 août dernier, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, s’est contredite à plusieurs reprises. Elle a d’abord affirmé n’avoir jamais été informée des dépassements de coûts liés au projet CASA avant le dépôt du rapport de la vérificatrice générale. Or, elle a dû se rétracter lorsqu’un document déposé a démontré qu’elle ne disait pas la vérité.
Il est donc maintenant établi que l’entourage du premier ministre savait. La question demeure : jusqu’où l’opération de camouflage est-elle montée? À quel moment François Legault a-t-il, lui-même, été mis au courant des problèmes liés à SAAQclic ?
Les Québécois méritent de savoir et de comprendre comment s’est orchestré ce gaspillage de fonds publics alors qu’ils subissent des coupes partout dans les services publics. Il est temps maintenant pour François Legault et les membres impliqués de son cabinet de comparaître publiquement. Tant que cela n’aura pas eu lieu, les Québécois n’auront pas entendu toute la vérité.
Aura-t-il le courage de témoigner devant la Commission Gallant afin de dire toute la vérité, rien que la vérité?
Par Pablo Rodriguez, chef du Parti libéral du Québec et Monsef Derraji, député de Nelligan et porte- parole de l’opposition officielle en matière de Transports